Pourquoi cet inventaire ?

De quoi est-il question ?

Lors des soirs de février et mars, dans la campagne francilienne, alors que la route traverse un petit bois, ou longe une zone humide, il vous est peut-être déjà arrivé de tenter de zigzaguer pour éviter les crapauds et les grenouilles sautant un peu partout sur la route ? A cette époque de l’année, de nombreuses espèces d’amphibiens quittent leur cachette hivernale pour retourner vers la mare dans laquelle ils sont nés (ou parfois, dans une mare qu’ils ont visité après leur naissance), poussés par une force bien naturelle : le besoin de se reproduire ! Ce comportement migratoire très particulier a déjà fait l’objet de nombreuses études. La caractéristique principale de cette migration est qu’elle s’effectue en ligne droite, selon le chemin le plus court, car il vaut mieux être parmi les premiers arrivés à la mare pour accroître les chances de trouver un partenaire. Si un obstacle se trouve sur la ligne droite, il est franchi tant bien que mal.Les obstacles les plus fréquents, et les plus meurtriers, sont les routes. Cette mortalité touche une très grande partie des populations d’amphibiens, et tient une responsabilité importante dans le déclin des populations d’amphibiens constaté tant en Île-de-France que dans le reste du pays. Des études le long d’une portion de route traversée par les amphibiens ont montré qu’un trafic de 90 voitures par heure tuait 90 % des amphibiens. L’objet de cette enquête participative est de recenser toutes les portions de routes traversées par les amphibiens, de déterminer l’ampleur de ces migrations et leur régularité d’une année à l’autre, afin de mettre en place des dispositifs de franchissement adaptés.

A quelle période les amphibiens migrent-ils ?

C’est à la fin de la période d’hibernation que grenouilles, crapauds, salamandres et tritons partent se reproduire : entre le début février et la fin du mois de mars, selon les espèces, avec un pic durant les 15 premiers jours de mars.La peau très fine et perméable des amphibiens les rend extrêmement dépendants de l’humidité lors de leurs déplacements terrestres : ils craignent beaucoup l’évaporation. Ce sont des animaux à sang froid, ce qui les oblige à investir beaucoup d’énergie dans la régulation thermique : les températures trop élevées ou trop basses ne leur conviennent pas. Les migrations ont donc lieu presque uniquement par conditions optimales. Pour la Salamandre tachetée, par exemple, 98 % des individus migrent lorsque la moyenne des températures sur 3 jours est de 5,5 degrés, et la pluviométrie de 4 mm/jour ! Les tritons et salamandre ont tendance à migrer plus tôt, parfois dès janvier, les grenouilles/crapauds un peu plus tard : dès que l’on a une nuit humide et une température en début de soirée proche de 10°C. D’une année sur l’autre, la migration peut ainsi avoir lieu plus ou moins tôt en saison, selon la douceur du mois de février (voire même du mois de janvier). Il arrive que la migration soit extrêmement concentrée : à Larchant (77), en 2010, les deux-tiers des migrateurs dénombrés tout au long de la saison ont traversé en 4 nuits ! Les crapauds et les grenouilles, après avoir pondu, repartent en sens inverse, et doivent de nouveau traverser la route ! A ce moment, la migration est plus diffuse, tant dans l’espace que dans le temps. Elle a lieu de mi-février à l'automne. En fin d’été, les têtards ayant accompli leur métamorphose effectuent eux aussi une migration, elle aussi beaucoup plus diffuse.

Répartition quotidienne des amphibiens recueillis pendant la migration prénuptiale sur le dispositif de sauvetage de Larchant (77). Source : PNR du Gatinais.

 

Répartition quotidienne des amphibiens recueillis pendant la migration prénuptiale sur le dispositif de sauvetage de Larchant (77). Source : PNR du Gatinais.